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De l’histoire universelle comme miracle. Récit philosophique et récit biblique

Publié en 2017 aux éditions du Cerf

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On tente de montrer que, pour tous les hommes, et quelles que soient leur culture et leur religion d’origine, et éminemment pour le monde chrétien, la fondation de l’Etat d’Israël est un miracle1.

Un miracle par lequel commence celui, plus général, de l’histoire universelle. Un miracle qui se poursuit par la reconnaissance internationale de cet Etat. Et un miracle que la philosophie actuelle, celle qui pose l’être comme existence et inconscient, accomplit en décrétant la fin de l’histoire dans laquelle, dès son avènement en Grèce, elle avait engagé l’humanité.

Miracle parce que l’achèvement de cette histoire est surgissement imprévisible (n’est prévisible que la répétition du mal constitutivement humain). Parce que cet achèvement est conforme au sens rationnel et providentiel de la divine — et humaine — comédie. Et parce que cet achèvement a été prédit par l’histoire originelle du peuple juif telle que la rapporte le Pentateuque avec ses cinq livres (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome).

Trois parties, avec chacune deux chapitres.

D’abord le récit comme mémoire. Ce dont on devrait garder mémoire dans le récit, c’est de l’événement primordial qui ouvre l’histoire (le sacrifice du Christ, en tant qu’il rend acceptable universellement ce qui est contenu dans la révélation juive). Or il faut pour cela payer le prix, faire l’épreuve de la finitude de l’humain. Ce que l’existant fait comme individu dans son œuvre propre (on analyse ici A la recherche du temps perdu de Marcel Proust). Mais l’existant comme sujet social, comme peuple, le refuse, ne veut de mémoire (et d’historicité) qu’inessentielle, sans rien qui l’engage dans une épreuve quelconque.

Ensuite le récit comme époque. Ce qui caractériserait une époque au sens plein du terme, un point d’arrêt qui n’est pas provisoire, en fait l’époque terminale de l’histoire, c’est d’énoncer un récit qui garde mémoire de l’événement primordial, au point de fixer socialement, par l’institution et de la démocratie véritable (représentative) et du capitalisme, la place de l’individu et de l’épreuve qu’il a à faire de la finitude de l’humain (on fait référence majeure, ici, aux analyses ultimes de Foucault). Mais l’existant comme sujet social refuse qu’une telle époque puisse se produire et rejette sacrificiellement le peuple qui l’incarne à l’avance, le peuple juif.

Enfin le récit comme destin. Ce qui engage dans l’acceptation du récit essentiel, c’est le destin qu’on a reçu et qu’on a fait sien. Comme l’a fait le peuple juif dans son histoire originelle (ici présentée avec ses cinq époques nécessaires). Seul peuple à laisser place dès lors à l’individu. Seul peuple primordialement vrai par là même et, comme tel, rejeté par les autres. On conclut en soutenant que ce qui a été ainsi assumé dès l’origine par le peuple juif peut être montré par la philosophie comme assumé implicitement par tous les peuples du monde, quelles que soient leur culture et leur religion.