Né à Nice le 15 septembre 1948. Parents professeurs de mathématiques.
Baccalauréat Mathématiques élémentaires en 1965.
Une année de Mathématiques Supérieures, à la fin de laquelle je passe le Baccalauréat Philosophie afin de m’assurer quelques points supplémentaires pour le concours de Polytechnique que je devais présenter à la fin de l’année suivante.
Pendant l’été 1966, décision de quitter les études scientifiques pour me diriger vers les lettres. J’avais été très impressionné, pendant cette année de Mathématiques Supérieures, par la découverte de la pensée de Heidegger. Alors que la philosophie rencontrée en Terminale scientifique (notamment comme philosophie des sciences) ne m’avait nullement intéressé, alors que la métaphysique classique présentée comme une espérée Science des sciences ne m’avait guère parlé, la philosophie avec Heidegger m’apparaissait comme le lieu d’une vérité essentielle, de même que l’art et la religion, d’une vérité autre, au-delà de l’ordinaire de l’homme à quoi s’en tient la science. Découverte majeure donc : Heidegger a été mon maître, le seul qui ait eu cette fonction, le seul qui ait éclairé un domaine dans lequel je voulais en fait entrer et que rien jusque là ne m’avait ouvert, le seul avec lequel, à partir de là, j’ai voulu discuter.
Années d’Hypokhâgne et de Khâgne où, conduit par Heidegger, j’entre dans la lecture des grands philosophes de la tradition, mais aussi et surtout de Nietzsche.
Reçu à l’Ecole Normale Supérieure de la Rue d’Ulm en 1969 (option Lettres classiques). Je suis l’enseignement de Jacques Derrida. J’approfondis ma lecture de Heidegger. Je rédige pendant l’été 1970 un texte que je propose à Derrida pour publication en article dans la revue Critique. Texte qui va devenir l’introduction du mémoire de maîtrise sur Nietzsche dans lequel je m’engage, sous la direction de Pierre Aubenque, pour l’année universitaire 1970-1971. Dans ce mémoire intitulé Physique de Nietzsche, je voulais, partant de Heidegger (et précisément de son essai « La Physis chez Aristote » publié dans Questions I), discuter son interprétation de Nietzsche. Je ne voulais nullement mettre en question l’hétéronomie fondamentale proclamée par Heidegger contre la subjectivité de la pensée moderne. Je visais à dégager, face à cette hétéronomie, l’autonomie créatrice défendue par Nietzsche — qu’il ne fallait pas, selon moi, ramener, comme le fait Heidegger, à une subjectivité moderne exacerbée, mais qui, elle aussi, s’oppose à cette subjectivité. Jean Piel, directeur de la revue Critique, m’informa que l’article était accepté, mais j’étais déjà engagé avec les éditions Denoël pour la publication de l’ensemble du travail qui parut en mars 1973. Il a été republié en 2014, avec une préface, par les éditions Les Contemporains favoris.
Agrégation de philosophie en 1972.
Puis inscription en thèse de 3° cycle avec Emmanuel Lévinas. Mon intention était de prolonger le travail sur Nietzsche et d’envisager plus précisément la création, en m’interrogeant en l’occurrence sur le style.
En 1974, début de mes activités d’enseignement. A Tours, aux lycées Balzac, puis Descartes. Nombreuses lectures. Notamment La violence et le sacré de René Girard qui me marquera définitivement. Mais aussi Bataille. Intérêt pour la linguistique (Chomsky). L’interrogation qui est la mienne en ces années est de me demander comment penser la création, la puissance créatrice de l’individu, avec le négatif, le mal, la mort et si un savoir — philosophique — en serait possible.
La découverte imprévue de Lacan est alors absolument capitale pour moi. J’avais reconnu la vérité de la psychanalyse depuis longtemps dans la lecture de Freud. Mais Freud prétendait (je ne m’étais certes pas arrêté à cela) faire de la science. Alors que Lacan voyait bien que l’inconscient freudien devait se comprendre dans le cadre de la philosophie contemporaine. Il faisait lui-même une référence majeure à Heidegger, son Autre se retrouvait dans l’Etre de Heidegger, il proposait une semblable hétéronomie fondamentale. Et, en même temps, j’avais l’idée que, dans le travail de la cure psychanalytique comme dans bien d’autres situations semblables où on laisse venir l’inconscient, se déployait, en réponse à cette hétéronomie et à travers l’épreuve du négatif, du non-sens, une autonomie créatrice de l’ordre de ce que Nietzsche avait présenté.
De là, dans les années 1978-1982 — et avec, en arrière-fond, une conférence sur « La philosophie comme savoir » donnée au Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance à Tours —, l’élaboration et la rédaction du livre intitulé : Lacan et la philosophie. Travail soutenu en mars 1983 dans le cadre de l’inscription en thèse de 3° cycle, toujours sous la direction bienveillante de Lévinas (que je lis de plus en plus attentivement pour mon débat avec Heidegger). Le livre paraît aux PUF en février 1984. Il sera réédité en 1988, réédité en poche en 1996 et 2003, traduit en allemand, japonais, portugais au Brésil, espagnol en Argentine, et coréen.
Après cet ouvrage, nombreuses conférences en France et à l’étranger (Cambridge, Bruxelles, Louvain, Zurich, Madrid, Athènes, etc.) pour présenter la lecture philosophique qui y avait été faite de la psychanalyse.
En 1987, je commence une activité de psychanalyste. En 1988, je suis nommé maître de conférences au département de philosophie de l’Université de Rennes 1, où j’enseigne la philosophie moderne et contemporaine.
Lecture, toutes ces années, d’un côté, de Kierkegaard (dont bien des analyses ont été reprises par Heidegger), de l’autre, de Wittgenstein (et de la philosophie analytique, Frege, Russell, Austin et Strawson, Quine, Kripke).
Elaboration, longue et difficile, du système du savoir tel qu’on peut l’envisager avec l’inconscient (définition de chaque concept par une dualité et méthode structurale pour le développement de l’analyse). Huit livres sont annoncés, répartis en quatre parties. Le travail qui en résulte d’abord (et qui correspond au premier livre) est soutenu en thèse d’Etat, sous la direction de Jean-François Marquet, en janvier 1999. Et publié, sous le titre général : La philosophie comme savoir de l’existence, en trois volumes (L’altérité, Le jeu, L’inconscient) aux PUF en novembre 2000.
Invitations à faire une conférence en Chine, des cycles de conférences au Japon (à deux reprises) et au Mexique.
Entrée dans la préparation du deuxième livre concernant l’histoire.
Un premier volume, L’événement. Nouveau traité théologico-politique, est terminé en fin 2005 et paraît aux PUF en septembre 2007. L’événement initial serait le sacrifice du Christ (la révélation juive est supposée) ; l’événement terminal, la révolution (mais conçue tout autrement que chez Marx, comme non plus abolition, mais institution du capitalisme). La pensée de Marx (comme celles de Hegel et de Schelling) y est étudiée et discutée attentivement.
Dans la perspective d’un article pour les Mélanges offerts à mon ami Tilo Schabert (professeur à l’Université d’Erlangen-Nürnberg), découverte, fin 2005, des ouvrages et de la pensée de Carl Schmitt. De cet article, résulteront mes deux ouvrages suivants. Dans le premier, intitulé : Inconscient, capitalisme et fin de l’histoire, et publié aux PUF en avril 2010, s’approfondit la reprise critique, entamée dans L’événement, de la pensée de Marx. Dans le second, sous le titre : Les cinq époques de l’histoire. Bréviaire logique pour la fin des temps, chacune de ces époques (de l’époque antique à l’actuelle, celle de la fin de l’histoire) est présentée en stricte correspondance structurale avec les autres. Schmitt y est une référence capitale certes, mais bien d’autres aussi.
Puis je reviens vers le travail sur l’histoire. D’abord par un volume intitulé : De l’histoire universelle comme miracle. Récit philosophique et récit biblique, et qui est paru aux éditions du Cerf en 2017. Volume où je présente la fondation de l’Etat d’Israël comme ce par quoi commence le miracle qu’est l’histoire universelle, la reconnaissance internationale accordée à cet Etat et la proclamation par la philosophie de la fin de l’histoire accomplissant ce miracle. Dans le destin qu’a assumé le peuple juif pourraient, dans cette perspective, se retrouver tous les peuples du monde. Après quoi j’achève le travail sur l’histoire avec un dernier volume qui doit paraître aux éditions Parole et Silence en septembre 2019 sous le titre : La fin de l’histoire, épiphanie des religions. Acte psychanalytique et acte philosophique. J’y insiste sur la portée aujourd’hui, pour la philosophie quand elle décrète la fin de l’histoire, de toutes les grandes religions advenant à leur vérité spirituelle, avant tout le judéo-christianisme, mais décisivement, pour le savoir, le christianisme.
Je me consacre à présent à un ouvrage où je voudrais montrer, d’une part, en quoi la philosophie contemporaine depuis Kierkegaard et Marx se dirige vers l’affirmation de la vérité primordiale du judéo-christianisme, d’autre part, en quoi les commandements qui fondent ledit judéo-christianisme sont décisifs pour l’homme d’aujourd’hui. Cet ouvrage pourrait s’intituler : Philosophie contemporaine et universalité du judéo-christianisme.